Séverine a adopté le village de Pierrefonds dès la fin du XIXe siècle : elle y trouve un havre de paix au milieu de la nature et au cœur de la forêt. Après avoir séjourné un temps à l’Hôtel des bains, elle finit par acheter, en 1904 et au nom de sa mère, une maison située rue du Beaudon, qu’elle a d’abord louée. Au moment du deuxième procès Dreyfus qu’elle a couvert de 1898 à 1899 pour le journal de Marguerite Durand, La Fronde, elle s’éloigne en effet progressivement de Paris, vendant son appartement du boulevard Montmartre, et choisit une maison à proximité de la gare qui relie alors Pierrefonds à la capitale, ce qui facilite la venue de ses proches et amis.

Elle baptise cette belle demeure de maître « les Trois-Marches » du nom de l’auberge où elle s’est trouvée à Rennes pendant le procès Dreyfus, d’abord parce que trois marches permettent d’accéder à la porte d’entrée et ensuite parce que le souvenir de cette auberge « très vieille, très propre, souriante, hospitalière »[1] où Séverine a partagé d’inoubliables moments avec tous les grands noms de ceux qui couvrirent le procès Dreyfus, continue de vivre pour elle.

Cette maison est, jusqu’à la mort de Séverine le 24 avril 1929, un lieu d’accueil et de ressourcement pour tous ceux et toutes celles à qui la journaliste offre son aide et ouvre sa maison. Sa grande amie, Marguerite Durand (1864-1936), lui rend souvent visite et lui loue même une autre maison dont elle est aussi propriétaire. Après sa mort, Marguerite Durand rachète directement auprès du notaire la maison des Trois-Marches et décide d’en faire une Résidence d’été pour femmes journalistes à partir de 1932, et ce jusqu’en 1935. Elle en fixe le règlement intérieur et décide que les femmes bénéficiaires pourront y rester gratuitement.

La rue du Beaudon est baptisée rue Séverine dès février 1930. Sur la façade de la maison, deux plaques y sont alors apposées ; la première indiquait alors :

« Dans cette maison a demeuré

et est morte Séverine

grande journaliste, grande oratrice

 femme au grand cœur »,

Elle a été remplacée en 2011 par une nouvelle plaque indiquant :

« Ici vécut

Caroline Rémy dite SEVERINE

journaliste, pacifiste et féministe

1855-1929 »

ici vecu severine 1

Sur la deuxième plaque, on peut lire :

« RESIDENCE D’ETE DES FEMMES JOURNALISTES

FONDATION

MARGUERITE DURAND

EN SOUVENIR DE « LA FRONDE »

1932 »

residence dete


[1] Séverine, article « Les Trois-marches », dans Vers la Lumière… (1900, éditeur Stock).