Séverine, une pétrifontaine d’adoption
Séverine a adopté le village de Pierrefonds dès la fin du XIXe siècle : elle y trouve un havre de paix au milieu de la nature et au cœur de la forêt. Après avoir séjourné un temps à l’Hôtel des bains, elle finit par acheter, en 1904 et au nom de sa mère, une maison située rue du Beaudon, qu’elle a d’abord louée. Au moment du deuxième procès Dreyfus qu’elle a couvert de 1898 à 1899 pour le journal de Marguerite Durand, La Fronde, elle s’éloigne en effet progressivement de Paris, vendant son appartement du boulevard Montmartre, et choisit une maison à proximité de la gare qui relie alors Pierrefonds à la capitale, ce qui facilite la venue de ses proches et amis.
Elle baptise cette belle demeure de maître « les Trois-Marches » du nom de l’auberge où elle s’est trouvée à Rennes pendant le procès Dreyfus, d’abord parce que trois marches permettent d’accéder à la porte d’entrée et ensuite parce que le souvenir de cette auberge « très vieille, très propre, souriante, hospitalière »[1] où Séverine a partagé d’inoubliables moments avec tous les grands noms de ceux qui couvrirent le procès Dreyfus, continue de vivre pour elle.
![Séverine, une pétrifontaine d'adoption 2 Nom de la maison « Les Trois Marches », en souvenir du second procès Dreyfus à Rennes (cliché Laurence Ducousso-Lacaze)](https://reseaumaisonsecrivain-hdf.fr/wp-content/uploads/2023/05/nom-maison-severine-1-880x438.jpg)
![Séverine, une pétrifontaine d'adoption 3 Façade de la maison de Séverine, 14 rue Séverine à Pierrefonds (Oise) (Cliché Laurence Ducousso-Lacaze)](https://reseaumaisonsecrivain-hdf.fr/wp-content/uploads/2023/05/maison-severine-1-762x500.jpg)
Cette maison est, jusqu’à la mort de Séverine le 24 avril 1929, un lieu d’accueil et de ressourcement pour tous ceux et toutes celles à qui la journaliste offre son aide et ouvre sa maison. Sa grande amie, Marguerite Durand (1864-1936), lui rend souvent visite et lui loue même une autre maison dont elle est aussi propriétaire. Après sa mort, Marguerite Durand rachète directement auprès du notaire la maison des Trois-Marches et décide d’en faire une Résidence d’été pour femmes journalistes à partir de 1932, et ce jusqu’en 1935. Elle en fixe le règlement intérieur et décide que les femmes bénéficiaires pourront y rester gratuitement.
La rue du Beaudon est baptisée rue Séverine dès février 1930. Sur la façade de la maison, deux plaques y sont alors apposées ; la première indiquait alors :
« Dans cette maison a demeuré
et est morte Séverine
grande journaliste, grande oratrice
femme au grand cœur »,
Elle a été remplacée en 2011 par une nouvelle plaque indiquant :
« Ici vécut
Caroline Rémy dite SEVERINE
journaliste, pacifiste et féministe
1855-1929 »
![Séverine, une pétrifontaine d'adoption 4 ici vecu severine 1 ici vecu severine 1](https://reseaumaisonsecrivain-hdf.fr/wp-content/uploads/2023/05/ici-vecu-severine-1.jpg)
Sur la deuxième plaque, on peut lire :
« RESIDENCE D’ETE DES FEMMES JOURNALISTES
FONDATION
MARGUERITE DURAND
EN SOUVENIR DE « LA FRONDE »
1932 »
![Séverine, une pétrifontaine d'adoption 5 residence dete residence dete](https://reseaumaisonsecrivain-hdf.fr/wp-content/uploads/2023/05/residence-dete.jpg)
[1] Séverine, article « Les Trois-marches », dans Vers la Lumière… (1900, éditeur Stock).