Guillaume Apollinaire

26 août 1880 - 9 novembre 1918

Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Guillaume Apollinaris de Kostrowitzky, polonais de nationalité russe, s’engage dans l’armée française le 5 novembre 1914. Alors qu’il a déjà demandé plusieurs fois sa naturalisation et ne l’obtiendra que le 9 mars 1916, il s’engage aussi par patriotisme et pour découvrir les réalités de cette guerre.

A 35 ans, s’impose à lui la nécessité de devenir officier : pour cela, le critique d’art suit une formation dans l’artillerie à Nîmes où il rencontre Lou dont il tombe amoureux. Ne pouvant la voir régulièrement, Apollinaire lui écrit chaque jour avec passion, lui confiant son quotidien, comme il le fera ensuite avec Madeleine. Pour chacune, il crée des poèmes épistolaires, s’ajoutant aux célèbres calligrammes (publiés en 1918).

Envoyé le 6 avril 1915 sur le front de Champagne, en tant qu’agent de liaison, puis chef de pièce au 38ème régiment d’artillerie, Guillaume Apollinaire obtient le grade de sous-lieutenant dans l’infanterie. S’il apprécie la vie de canonnier à ses débuts, son ardeur s’émousse car la guerre n’en finit pas et “La vie de fantassin est peu enviable” (10 décembre 1915).

Durant les onze mois passés sur le front, le poète-soldat ne cesse de composer en jouant avec les mots et insistant sur la puissance des tirs d’artillerie. Parmi les six manuscrits d’Apollinaire conservés à l’Historial de la Grande Guerre, Les obus miaulent en boche, rédigé le 20 Avril 1915, entremêle son existence à l’évocation de la femme aimée. De même, une variante du Chant de l’horizon en Champagne (27 octobre 1915, adressée au substitut Granié) révèle l’innovation stylistique qu’il se plait à employer pour dégager la violence subie et donnée : absence de ponctuation, arythmie avec quatrains coupés par des hémistiches irréguliers, emploi de mots désuets.

L’auteur du Poète assassiné (1916), blessé à la tempe le 17 mars 1916, sera trépané. Rétabli, versé au service de la censure, Apollinaire meurt de la grippe espagnole le 9 novembre 1918. Sa poésie est certainement celle qui par son sens du mystère a su interpréter subjectivement de la façon la plus insolite, lyrique et novatrice l’indicible de la guerre. Le chef de file de l’avant-garde artistique française a le mieux exprimé et régénéré la poésie, avec un élan vital laissant entrevoir un monde neuf.

“Je suis seul sur le chant de bataille
je suis la tranchée blanche le bois vert et roux
L’obus miaule
je te tuerai
Animez vos fantassins à passepoil jaune….”

Chant de l’horizon en Champagne, poème autographe signé dédicacé à Mr le substitut Granié, envoyé à Madeleine Pagès le 27 octobre 1915.

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Historial de la Grande Guerre de Péronne

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