A Pierrefonds dans l’Oise, se trouve la maison de Séverine, pionnière du journalisme et femme de lettres, célèbre en son temps mais aujourd’hui quelque peu oubliée.
De Caroline Rémy à Séverine
Fille d’un fonctionnaire de la préfecture, Caroline Rémy est née à Paris en 1855. Mariée à 17 ans, elle se sépare très rapidement de son mari. C’est lors d’un séjour à Bruxelles en 1880, qu’elle rencontre Jules Vallès en exil après la Commune. Ce dernier l’initie à l’anarchisme et au journalisme et ils relancent Le Cri du peuple, avec l’aide financière du docteur Adrien Guebhard qui deviendra le second mari de Caroline Rémy. Elle signe alors ses premiers articles du nom de Séverin puis opte rapidement pour Séverine. A la mort de son mentor en 1885, elle prend la tête du journal : elle est la première femme à occuper un tel poste qu’elle quittera en 1888 suite à des dissensions internes.
Une « reporteresse » engagée
Séverine collabore alors à des journaux divers et variés, devenant une plume réputée de la presse parisienne. Elle pratique un journalisme d’immersion, n’hésitant pas par exemple à descendre dans la mine ou à partager la journée d’ouvrières en grève en 1896, « les casseuses de sucre », pour mieux rendre compte des conditions de travail. Elle prend la défense des ouvriers, des déshérités, des femmes victimes de violences conjugales ou de celles ayant eu recours à l’avortement. A partir de 1897, elle participe avec Marguerite Durand à l’aventure de La Fronde, journal entièrement rédigé, fabriqué et administré par des femmes. En 1899, Séverine se rend ainsi à Rennes au second procès de Dreyfus et réalise des reportages pour le quotidien qui s’affiche dreyfusard, ce qui vaudra à Séverine la désaffection de nombreux journaux. En 1904, elle participe à la fondation du prix littéraire « Vie heureuse » qui deviendra plus tard le prix Femina. En 1914, elle fleurit la statue de Condorcet à l’occasion d’une manifestation en faveur du vote des femmes et affirme son pacifisme.
Séverine à Pierrefonds-les-Bains
Séverine fréquente d’abord Pierrefonds en séjournant à l’Hôtel des bains puis en 1904, elle achète, au nom de sa mère, une maison qu’elle avait précédemment louée, et qui est située en face de la rue de la gare : elle la baptise « Les Trois Marches » en référence à l’auberge rennaise dans laquelle se réunissaient les dreyfusards. Elle y vit avec son amant Georges de La Bruyère jusqu’à la mort de ce dernier en 1920 date à partir de laquelle Adrien Guebhard, son deuxième mari, la rejoint. Elle continue à écrire pour des journaux et à participer à des conférences. Sa dernière sortie publique sera pour se rendre au Cirque d’Hiver afin de participer à un meeting en faveur de Sacco et Vanzetti. Elle meurt le 24 avril 1929. Ses obsèques à Pierrefonds attirent plus de deux mille personnes, dont sa grande amie Marguerite Durand qui prononce un discours. La façade de la maison porte encore les traces de son histoire mais celles-ci tendent à s’effacer. Au cimetière de Pierrefonds se trouvent sa tombe ainsi que celle de son mari et de sa gouvernante, Rosa Vignier. Sur la tombe de Séverine, on peut lire : « J’ai toujours lutté pour la Paix, la Justice et la Fraternité. »
Façade de la maison de Séverine, 14 rue Séverine à Pierrefonds (Oise) (Cliché Laurence Ducousso-Lacaze)
Les Ami.es de Séverine
7, rue Pierre Auguste Renoir
60800 Crépy-en-Valois
Téléphone : 0652629621 / 0612426322
Email : amie.es.severine@free.fr
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